Triple déception

Au terme d'un match d'une facture moyenne mais à l'épilogue aussi interminable que cruel, Limoges s'incline en triple prolongation en ayant donné tout ce qui était en stock (et c'est bien là le problème). Le BCM, guère mieux loti, triomphe au bout du bout avec deux espoirs rugueux et un extra-terrestre en la personne de Glynn WATSON Jr 48pts, 6rbds 5pds pour 42 d'éval... Il parvient même à éclipser Mo Diarra qui livre pourtant sa meilleure copie avec "seulement" 25pts 10rbds 4pds et 5 contres pour 34 d'éval ! On vous avait prédit match compte triple... on aura eu triple prolongation ! Analyse.

Le match

QT1 : Le BCM en mode bombardement aveugle

11 tirs à 3pts pris dans les 10 premières minutes. Clairement Gravelines a choisi l'option "tapissage", techniques chère aux américaines au Vietnam. Heureusement pour le CSP, les nordistes montrent une efficacité à peu près comparable aux bombardiers de l'US Army. Grâce à la réaction de Diarra et Bluiett, Limoges reste à niveau et conclut le premier quart-temps sur le score de 20 à 21.

QT2 : Le CSP creuse l'écart mais Watson prend confiance

Le CSP en mode diesel se réveille enfin et colle un 9-0 aux visiteurs qui voient leur jeu rugueux particulièrement sanctionné sur les écrans en attaque. Le jeune Domon a un style plus délié que son père (avec un shoot dégueulasse de profil) mais tout aussi dangereux en particulier sur les contacts en bout de course. Boisdur, jeune espoir responsabilisé montre aussi des velléités susceptibles de nous faire chercher des jeux de mots douteux sur son patronyme mais on préfère ne pas lui faire cet honneur tant son "dynamisme" confine souvent à l'agression. Watson démarre un récital derrière l'arc mais heureusement, Diarra et Bannan limitent la casse et permettent au CSP de retrouver les vestiaires avec cinq longueurs d'avance 44-39.

QT3 : Le retour des QT3 déprimants

Dès la reprise, les corsaires, sabre entre les dents, assaillent un CSP mou du genou et s'offrent un butin de +10 avec donc un delta de 15pts en quelques minutes. Limoges défend mal et son attaque est stérile... y compris aux LF. Nico Lang force pour prendre des tirs que Domon, accroché à son slip, lui interdit. Heureusement que dans ce bazar insipide coach Prat a la bonne idée de prendre une technique à 30 secondes de la sirène alors que son équipe menait de 3pts. 56-58.

QT4 A un cheveu près

Le QT4 fut incontestablement celui de Diarra côté limougeaud, Watson accaparant le scoring pour les visiteurs avec un talent à vous faire pâlir les Boum et autres maladroits du soir. L'intérieur limougeaud était partout : au scoring dessous, à 3pts, à la protection du cercle en mode contres de mammouth... une incroyable performance pour le rookie du 93. Enfin aidé par Lang et Amsellem qui trouvent un peu d'adresse de loin (dont un magnifique 3+1 de Nico pour égaliser)... ce qui permet au bout de la folie d'un QT4 qui a réveillé le public de Beaublanc d'avoir la balle de match avec 5 secondes en zone d'attaque. Remise de Amsellem pour Lang mais incompréhension entre les deux arrières qui se marchent dessus. Le capitaine limougeaud décoche malgré tout en déséquilibre juste devant le banc nordiste... il a beau en avoir mis des dizaines comme celui là, ce soir il ne fit pas mouche. Prolongation 83-83.

PROLONGATION 1 : Le chaudron savoure

Pour la petite histoire, coach Mikko avait souhaité encaisser moins de 85pts pour espérer la victoire... il avait oublié de préciser qu'il fallait en marquer plus. Watson lui a bien compris la règle : 8pts d'entrée mais Lang répond. Malheureusement, l'alsacien commet sa 5ème faute et doit quitter le jeu au moment où les défenses se relâchent... cruelle déception pour celui qui sentait qu'il allait pouvoir s'exprimer. Amsellem ne tremble pas sur la ligne de réparation et cette fois-ci c'est le BCM qui a l'occasion de porter l'estocade avec 4,6" à jouer mais c'est un échec... on remet ça à 93-93.

PROLONGATION 2 : Ce match est fou !

Alros que Watson pense plier le game, sa réussite insolente trouve enfin un peu de déchet sur son chemin. C'est le moment que choisit Domon pour reprendre du poil de la bête et artiller de loin (et toujours de profil). Diarra dans un jour de grâce porte le CSP à bout de bras et c'est une nouvelle fois l'improbable Amsellem qui replace Limoges en tête sur un And one en pénétration. Le BCM ne capitule pas et c'est à 103-103 que le buzzer retentit indiquant une troisième période supplémentaire.

PROLONGATION 3 : La French team s'incline

Bluiett cloué sur le banc blessé, Boum visiblement puni par un Larkas excédé des fantaisies du meneur américain, Lang sorti pour 5 fautes bientôt imité par Christmas. Le staff décide alors de se passer de Bannan (fort logique au vu du niveau affiché par Diarra) et d'évoluer pratiquement toute cette prolongation avec un cinq 100% français Amsellem, Beaufort, Guissé, Baptiste et Diarra. La fatigue se lit sur tous les visages et se ressent dans bon nombre d'actions complètement foireuses. Sauf que l'ami Watson a oublié d'être nul et qu'il pousse le vice à entrer dans le top 15 des performances All Time de scoring en ProA avec 48pts qu'il est allé chercher au bout des LF. Pétrifiés par les crampes, à bout de souffle, les joueurs des deux équipes ont tout donné. Coach Prat profitant de la fraicheur des minots Boisdur et Boumpoutou (qui plante un 3 pour sa première entrée en pros) gagne le pari de ce match qui ne restera pas dans les annales techniques mais qui marquera bien des mémoires de courage et d'engagement. 110-122.

On a aimé

- Mo DIARRA : Quel potentiel ! Alors certes il a montré des signes de crampes dès le QT3 (signe d'une hygiène de vie sans doute améliorable) mais alors quel talent et quelle volonté. Rien à foutre si les offres pleuvent, il a encore énormément de marge de progression et ce serait bien qu'il la développe encore un an à Beaublanc.

- Vincent AMSELLEM : Souvent décrié, le meneur tient quand même bien la baraque et on a connu bien pire à Limoges ! Son alternance tir extérieur/pénétrations en layback est quand même bien efficace. Sa montée de balle est sûre et s'il était parfois un peu plus inspiré dans ses choix de distribution il serait un très bon meneur JFL en compplément d'un US flashy (qu'on devrait pouvoir se payer l'an prochain !).

- Kenny BAPTISTE : Pas spécialement mis en valeur par les statistiques (8pts 5rbds 6 d'éval), l'intérieur guadeloupéen a été très utile et a bien aidé à limiter l'impact d'un Agee (16ptrs 16rbds) qui aurait pu faire encore plus de dégats sans les segments de Kenny.

- Glynn WATSON Jr : Désolé mais là il faut s'incliner. Ce n'est pas souvent qu'on voit un gars comme ça qui joue délié et qui plante. Alors certes il avait souvent à faire à une défense aux fraises avec des mismatches dès les premières secondes mais quel talent. Pourquoi on n'en trouve plus des comme ça nous ? Parce que Boum ou Christmas ce sont des bons joueurs mais Watson c'est la classe ! (Oui la thune a sans doute beaucoup à voir là-dedans mais le BCM ce n'est pas non plus Dubaï hein !).

On'a pas aimé


- Nico LANG : Une fois n'est pas coutume, le capitaine limougeaud a semblé à côté de ses pompes. Bien cadenassé depuis quelques matches il ne sort pas de sa boîte pour planter et force pas mal de choses. L'ailier bénéficie d'un statut et d'un salaire en conséquence mais il faut aussi se montrer à la hauteur de tout ça. Il a les minutes et les ballons... on ne peut pas shooter en sortie d'écran toute sa vie. D'autres ont su se réinventer à la trentaine... à son tour !

- Les rotations : Difficile de cerner la politique de coach Larkas. S'il pianotait jusque là sur des rotations courtes, certains semblent avoir acquis un totem d'immunité alors que d'autres, Boum en tête, n'ont guère les faveurs du finlandais.

- William CHRISTMAS (en prolongations) : On sait que l'arrière US ne sera jamais Kobe mais à un moment où le CSP perdait ses principales options offensives au grès des décisions arbitrales, on aurait aimé le voir prendre le leadership et donner aux autres une solution évidente de passe dans les possessions chaudes. Au lieu de ça on a assisté à des cafouillages et des hésitations. Il semblait le seul susceptible de créer du jeu en périphérie... il n'en fut rien.

- Les fautes immondes de Domon : Alors OK la pépite du BCM par ci, le fils de Fred Domon par là... il n'empêche que par deux fois il a failli blesser des adversaires car il se jette comme un porc dans des actions non-maîtrisées. La "glissade" sur Lang aurait pu nous priver de notre capitaine, et l'acrobatie sur Amsellem (sanctionnée d'une antisportive) était carrément dangereuse. Le petit coup auto-reçu dans les parties n'était pas volé.

- Les lancers-francs : 27/39 soit 69,2%. Même moi je fais mieux.

La suite

Gravelines-Dunkerque assure son maintien et Limoges va trembler jusqu'au bout que Le Portel ne réalise des exploits comme il le fait saison après saison depuis des années. Le calendrier des limougeauds ne laisse guère d'espoir : Monaco, Paris, Dijon et St Quentin... ça sent bon le 0-4. Le Portel de son côté n'est guère mieux loti mais méfiance : Cholet, Bourg (Fauthoux serait capable de le perdre rien que pour nous emmerder !), Paris et Nanterre qui vient de se faire éclater par La Rochelle. Rien n'est garanti même s'il faudra un sacré paquet de coïncidences pour que Limoges aille disputer les Playoffs de ProB à la place des stellistes. Dommage d'avoir gâché autant d'occasions de se mettre à l'abri.

  • Autour du match
  • Commentaires (52)