BILANS 2022-23 : LES FINANCES 2/3

Avec un déficit autour d'1,2M€ le CSP 2022-23 rappelle les plus sombres heures du club à la fin des années 90. La véritable débacle financière est difficilement compréhensible alors nous avons essayé de poser les bonnes questions pour savoir quels secteurs n'ont pas atteint leurs objectifs et comment éviter que 2024 ne soit le dernier clou dans le cercueil d'un CSP agonisant. Dossier.
Un passif 2022 "oublié"... oups !
A l'issue de l'exercice précédent, encore baigné dans la joie de la 4ème place miraculeuse et du retour sur la scène européenne, les 150K€ de déficit 2021-22 sont donc passés un peu vite. Leurs conséquences en revanche ont pourtant eu des impacts dès le recrutement 2023 : masse salariale encadrée avec objectif de +50k sur 3 ans pour épurer. Objectif bien évidemment non-atteint dès la 1ère échéance donc on revient au point de départ et les 150K de passif, s'ajoutent au mauvais résultat de 2022-23.
Le sportif

Le sportif , c'est à dire les dépenses liées à la masse salariale de l'équipe professionnelle, "serait" bénéficiaire malgré le nombre de joueurs important. Au petit jeu des buyouts, des délais de remplacement et des blessures, malgré les apparences, cet effectif n'a pas coûté si cher. Des Bryce Jones ou des Desi Rodriguez ont été de vrais "bon coups financiers" par rapport à leur rendement statistique. Certains départs (Schilling, Hawkins) ont en fait rapporté deux fois au CSP : les clubs d'accueil ont indemnisé Limoges pour céder le contrat des joueurs et les remplaçants ont été moins chers (mais pas forcément meilleurs !).Le récent rachat du contrat de Yeguete par Le Mans va aussi dans ce sens. Ajoutez à cela les indemnités lors de leurs blessures et vous comprendrez que les scuds généreusement envoyés à Anstett pour ses dépenses faramineuses relèvent à la fois d'une incompréhension totale du marché des joueurs mais aussi d'une simplification confinant à la bêtise (volontaire ?) de situations bien plus complexes.
La billetterie
Historiquement le ciment du CSP. Beaublanc a offert dès 1981 un pouvoir financier au club qu'aucun autre ne possède sur le long terme : une salle copieusement garnie tous les 15 jours. Estimer la billetterie ? Pas compliqué, il suffit de regarder autour de soi à Beaublanc. La salle a été plutôt bien garnie toute la saison et le parcours européen ayant été rallongé les rencontres supplémentaires ont dû permettre un résultat au delà des attentes. Si vous observez 400 gamins des écoles primaires du département tous les weekends, il faudra relativiser ce résultat mais à priori ce n'était pas le cas. Une question sur laquelle nous nous pencherons dans notre prochain volet : pourquoi le match des 30 ans a-t-il été "sorti" de la billetterie (et de sa TVA à 5,5%) pour intégrer le bilan commercial via deux partenariats (taxés à 20,6%) ? Ou comment demander à des supermarchés et une boulangerie de commercialiser des places -ce qui n'est pas leur métier- en vous privant d'une manne exceptionnelle (gonflée par l'effet Wemby) semant la confusion alors que c'est le COEUR de votre métier ?
Les charges

Alors ça c'est un fourre-tout magique à mi-chemin entre le sac de Mary Poppins et la pièce à bordel de Monica (désolé pour les GenZ... demandez à ChatGPT). Entre les billets d'avion, de train, de car, les nuitées d'hôtel, les cautions pour les apparts, les pleins d'essence (sauf pour le beau SUV électrique de Guillaume Lanave), les lingettes pour les lunettes de Jacky ou les lames de rasoir pour le crâne de Massimo... vous avez le choix. Pour le coup, le TOP16 a mis une jolie claque aux charges avec des déplacements à Malaga, Athènes et Galatasaray (pendant que Strasbourg allait à Dijon en BCL !) et des road-trips à rallonge sans revenir en Limousin...
L'anniversaire des 30 ans. Vaste sujet. La polémique enfle autour de la politique tarifaire de l'évènement dont l'intérêt a été décuplé par la venue de Wembanyama et de son cirque médiatique. La panne inopportune de l'appareil à carte bancaire du club et les témoignages qui entourent une billetterie "à taux variable" viennent entacher le bilan d'un évènement qui se voulait festif... voire fastueux. L'écran géant dans le stade, le feu d'artifice, les éclairages spécifiques de Beaublanc, le merchandising exclusif, les concerts, le réceptif XXL, les invités de l'équipe de 93. Le club a mis les petits plats dans les (très) grands. A lui seul, ce match qu'il fallait certes célébrer, risque d'avoir pesé dans l'ampleur du déficit final. L'investissement à cette période de la saison, où les gens dans les bureaux devaient déjà se douter que l'exercice serait déficitaire, était-il raisonnable ? Et qu'on ne viennent pas nous dire que personne ne se doutait du déficit : quand il manque 500 patates sur le prévisionnel fin avril, le service concerné est au courant que ça ne va pas le faire ! Pas besoin du comptable surtout quand certaines primes sont calculées au pourcentage des partenariats signés (sans tenir compte du ratio avec les dépenses engagées).
Le marketing

Une petite boulette de 500K... Déjà, annoncer un objectif de 3M05€ c'est très ambitieux quand l'exercice précédent a péniblement accouché de 1,2M... limite candide dans un contexte de guéguerre avec le hand et de subventions inexistantes. Alors 2,5M€ réalisés (ou 2,7… et des factures sortantes dans tous les sens) c'est peut-être le plus gros chiffre d'affaire "depuis la création du service marketing" dixit Céline Forte (pas sûr d'ailleurs... Ostrowski avait dépassé les 3M€ en son temps), ça reste 15% en dessous des attentes auto-fixées. Soit plus de la moitié du déficit de l'exercice avant d'ajouter les dettes passées.
Pesons les mots au trébuchet. Alors, inexpérience, fanfaronnade, épidémie de boulardine, inconséquences ? Tout ça pour dire que les chiffres sont têtus et que le mal est là. Le trou budgétaire est énorme. Ce que l'on constate en outre c'est qu'à courir après des gros poissons en proposant des packs couteux en période d'inflation c'est aussi se priver d'une myriade de partenaires plus modestes à qui on fournirait des prestations moins importantes. Alors on comprend tous que gérer quelques dizaines de gros portefeuilles c'est plus simple (et moins fatigant...) que de gérer une ou deux centaines de petits partenaires, mais la vraie question c'est : est-ce plus rentable ? Et surtout, est-ce adapté à notre terroir ? Limoges n'a pas de grande industrie (mise à part l'arlésienne Legrand...) mais son tissu économique existe. Il faut aller le débusquer et faire les mêmes sourires au partenaires à 1000€ qu'au "gros bonnet" à 20/30 plaques ! Chez certains partenaires que nous qualifierons de "modestes", ce sentiment d'être "peu considérés" a pu être ressenti et c'est fort dommage parce que le CSP porte aussi cela dans son ADN. Quand d'autres, beaucoup plus importants, ont tenté de se fédérer pour boucher le trou et recapitaliser le club, ils se sont heurtés au mur du patron officieux Guillaume LANAVE qui les a "remerciés" mais en leur indiquant que leurs efforts étaient inutiles puisqu'il avait trouvé un NAMING à 1M€... version qui sera facile à vérifier dans les mois à venir... Cet épisode qui est sorti dans la presse à la faveur de la colère d'André SARDAIN risque de laisser des traces que nous aborderons dans notre dossier final sur le bilan moral de la saison.
Achevons ce chapitre en rappelant que la "manne" (littéralement) à 6 chiffres d'HUMAN IMMOBILIER ne relève pas d'un démarchage du service marketing mais bel et bien d'un contact entrant de l'entreprise via Alain CLOUX.
Pourquoi un prévisionnel aussi bidon ?

La blague du budget prévisionnel réalisé sans le DAF ! Et c'est là que le serpent se mord la queue : pourquoi certains objectifs ne sont pas atteints ? En grande partie parce qu'ils n'ont pas été estimés par les professionnels en charge de ce domaine.
Le Directeur Général Alain CLOUX était encore en fonction à l'ASVEL quand le budget prévisionnel 2023 a été élaboré à l'hiver 2021-22. Pierre Fargeaud avait déjà quitté ses fonctions... et c'est donc une équipe sous la responsabilité du duo Angiolina Forte / Guillaume Lanave qui a pondu le généreux budget que le club n'a pas pu tenir.
C'est donc bien beau de jeter le DG sous le bus (il a sûrement ses torts dans cette débâcle...) mais lui reprocher la différence prévisionnel / résultat c'est une vaste blague qui reviendrait à reprocher à Kadji le manque de rebonds en début de saison. Il aura globalement été chargé de veiller à l'exécution d'une équation insoluble. Ces décisions prises sans contrôle de gestion, ni contrôle interne interpellent sur le fonctionnement du club où les directeurs de services semblent agir "free as a bird". Le reporting ça existe ainsi que les processus de contrôle (contrôles de gestion ; contrôles internes...). C'est là que les limites de la gestion à distance pointent leur nez. Les outils pour le pilotage n'existaient pas et n'ont de toute évidence pas été développés par l'équipe en place. Ajoutez à cela la complexité teintée de népotisme de confier les manettes à des gens en qui on a confiance non pas pour leur expérience ou leur qualification mais plus par confiance morale et affective et on a tous les ingrédients nécessaires au désastre. On a beau tourner le problème dans tous les sens : des dirigeants lambdas qui auraient commis ces erreurs et provoqué cette situation financière catastrophique auraient été purement et simplement éjectés voire poursuivis pour défaut de gestion (coucou Youyou !). Si le DG Alain CLOUX et le comptable Fabrice MASSIAS feront les frais de la situation en allongeant la liste des "remerciés", là encore les faits sont tenaces et le duo Angiolina/Lanave (Les Angiolanave ?) se retrouve aux commandes du projet 2024 au désespoir de nombreux investisseurs. Pis, Lanave serait même en passe d’être propulsé au directoire du club ! Une nouveauté toutefois : l'emménagement à Limoges de Céline Forte qui quitte Caen, aveu que ce petit monde a besoin d'être cadré !
Alors quoi faire ?
Dormir avec une patte de lapin ou plus sérieusement passer à la sobriété via des process suivis. Etoffer les process ; contrôler cette équipe de jeunes cadres en espérant qu'ils passent en défpense individuelle stricte pour chaque charge et non en dépense collective. Pour le courant, c'est à peu près ce qui doit permettre de contenir les coûts lors de la saison 2023-2024. Pour le plus long terme, on en reparle dans la Troisième partie du bilan.
Concernant le déficit actuel, les solutions locales s'appuyant sur des partenaires "traditionnels" ont été balayés comme expliqué supra. Céline Forte remettrait une nouvelle fois la main à la poche en vendant des biens immobiliers pour renflouer en partie les caisses et le "gros" partenaire sur lequel Lanave tient visiblement à s'appuyer est le propriétaire de Tante Adèle, Stéphane ROULOIS, un nouveau venu dans l'univers limougeaud avec sa SARL boulangère au capital de 100€ (!) et ses autres entreprises au périmètre difficile à estimer. L'intéressé entrerait au capital du club, une action attendue de longue date par de nombreux acteurs (pas conviés à ce jour) pour enfin voir le club changer de braquet... mais les fonds seraient issus d'emprunts. On est donc loin du mécène du Moyen-Orient et la solution naming d'envergure nationale ne semble pas non plus aboutie (un Tante-Adèle Limoges CSP et on raccroche le clavier !).
La DNCG

Ah le fameux passage devant la DNCG ! En date du 8 juin, et avec une décision annoncée autour du 22, on sait que les intéressés auront probablement déjà reçu un avis officieux de la commission mais Yves MARTINEZ et Céline FORTE ont clairement indiqué aux médias qu'ils ne communiqueraient pas avant la publication des travaux de la DNCG. Notre demande d'interview a d'ailleurs été repoussée à cette même échéance.
En outre, compte tenu du nombre de club en (grosses) difficultés financières (Pau rétrogradé sportivement, Gravelines sous perfusion municipale anticipée, Le Portel qui fait la manche, Strasbourg qui annonce 400k et dernièrement Boulogne-Levallois qui risque tout simplement de disparaître...) il y a peu de chances que la DNCG soit encline à faire un exemple avec le CSP sinon la Betclic Elite se jouera à 10 grand max l'an prochain. Pour autant, si Limoges bénéficie d'un contexte de mauvaise gestion généralisée, il ne faut pas se dédouaner de notre situation particulière : on n'a pas fait "comme les autres". On a été mauvais point-barre.
La présidence
Le président officiel est Yves MARTINEZ. Personnalité limougeaude respectable qui a fait de son mieux avec son épais carnet d'adresses pour essayer d'attirer des partenaires. Il lui a souvent été reproché d'être trop effacé et ce n'est pas totalement faux. Si son activité et son implication en coulisses ne font absolument aucun doute, il est encore difficile pour le grand public d'oublier un Fred Forte charismatique à souhait et prompt à utiliser les médias pour arriver à ses fins.
Yves Martinez est un diplomate. Moins fonceur sans être moins efficace... mais Limoges veut-il cela ? Tout comme certains ne perçoivent pas les qualités d'un joueur discret et utile, ils ne comprennent pas le rôle d'un président discret et utile. Atteint par la limite d'âge, Yves Martinez va toutefois céder sa place prochainement mais il restera comme un bon président humainement parlant dans la longue liste des dirigeants limougeauds même si les résultats sportifs et financiers sous son règne ne resteront pas gravés dans les annales (pour les bonnes raisons s'entend). Didier JAMOT, entrepreneur dans la distribution (Intermarché), bien connu dans le pays limougeaud devrait prendre la suite d'Yves MARTINEZ et apporter une solide expérience dotée d'un dynamisme dont les équipes administratives du CSP semblent avoir bien besoin.
La VRAIE patronne de fait, c'est la proprio : Céline FORTE. Son retour en Limousin montre d'ailleurs que Dallas s/Vienne a besoin d'un shérif et surtout de quelqu'un qui saura incarner le club. Depuis des années, le CSP n'a plus de visage. On avait parlé de la frimousse juvénile de Verieras, de la force tranquille de Martinez, du sérieux discret de Fargeaud, Palmer ou désormais Anstett mais aucun des précités ne vient à l'esprit du béotien quand on évoque le Limoges CSP.
Localement, il est important que le club ait un interlocuteur avec les médias mais nationalement il faut aussi dans ces paniers de crabes que sont la LNB, la FFBB ou la FIBA qu'une figure s'impose. Alors répétons-le encore et encore : il n'y avait qu'un seul Fred Forte. Il est toutefois essentiel que le club se trouve un ambassadeur capable d'inspirer le respect et d'incarner Limoges quand les Parker de l'ASVEL, Kahn de Paris, Le Bouille du Mans, Bellon de Strasbourg, Bedeleem du BCM et autres Dyadechko (l'Ukrainien de Monaco) savent naviguer dans les eaux troubles de nos institutions.
Le risque c'est un peu ce qui est arrivé cette année où le pouvoir décisionnel déconcentré échouait dans les mains de personnes dont ce n'était pas le rôle... avec les conséquences que l'on connaît. Quand ceux qui dépensent sont les mêmes qui contrôlent/valident les dépenses (ou les ignorent car jouissant d'un totem d'immunité), on perd tout sens commun dans la chaîne budgétaire et comptable avec comme conséquence... 1M d'€ à chercher en catastrophe à la fin du printemps !
BONUS : Toc toc, c'est le PGE !

Vous n'aviez pas votre compte de mauvaises nouvelles ? Et bien rappelez-vous que pendant la période COVID, les clubs pros se sont vus proposer un PRÊT GARANTI PAR L'ETAT (le PGE). Le CSP a contracté un emprunt d'1M€ à rembourser sur 4 ans. Les saisons 2024, 2025, 2026 et 2027 sont donc censées apporter 250k€ de résultat positif rien que pour rembourser les banques. Promis/juré, ce n'est pas un poisson d'avril. Nombre de clubs avaient à l'époque accepté ces prêts en se disant que l'état abandonnerait la créance... mais ça c'était avant Vlad et l'inflation de malade. Cette position qui était déjà hautement fantaisiste après le "quoi qu'il en coûte" est aujourd'hui devenue totalement irréaliste dans une économie ravagée par le conflit russo-ukrainien et la crise énergétique qui en découle. Vous avezfait vos calculs, 50k€+250k€ = 300k€, le CSP doit donc dégager 300.000€ de bénéfices par an sur les 3 prochaines saisons (et 250k sur la 4ème) UNIQUEMENT pour rembourser de la dette ! Autant vous dire que la pinte de bière et la baguette bien cuite vont valoir leur pesant de cacahuètes à la buvette de Beaublanc et chez Tante Adèle dans les mois qui viennent !
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Analyse
# 35 - Alwine
23/06 - 7h10
#32 : je n'ai pas lu une seule critique de M. Cloux dans aucun des commentaires