Le CSP entreprise à mission

Vendredi 27 juin Lionel PELUHET, le propriétaire du Limoges CSP a présenté le nouveau projet du club. Loin du "CSP 3.0" de Fred Forte et des "je garnis mon PEL" de ses successeurs, le haut dirigeant du groupe Intermarché a surpris son monde en n'annonçant aucun partenaire majeur mais un changement de statut pour devenir une "société à mission". Un concept qui laisse... pantois. Présentation.
La société à mission : kamoulox ?
Selon le site du service public, La société à mission se donne pour objectif de contribuer positivement à la société et à l'environnement, via la réalisation d'objectifs qu'elle se fixe. Les principaux avantages semblent toutefois "flous" avec comme principaux avantages de "mettre en avant l'aspect altruiste de son activité vis-à-vis de ses partenaires, de ses clients et des institutions"
Une annonce en forme de bulle
Alors que les supporters que nous sommes s'attendaient à la révélation du nom d'un ou plusieurs partenaires d'envergure permettant de relancer le CSP pour jouer les premiers rôles en Elite et retrouver l'Europe, ce move de l'actionnaire majoritaire est pour le moins surprenant et s'avère plein de vide au premier regard, utilisant les tics de la novlangue propres aux cabinets de conseils. Termes, avec les fameux verbes d'action, pouvant être utilisés tant dans la sphère publique, privée, associative, sportive compris.
Show me the money
Comment alors monétiser ce changement administratif ? Parce qu'on ne va pas se mentir : rouler au biogaz ou servir les sandwichs dans des emballages papier ne va ni foncièrement aider Crawford Palmer à aller chercher des joueurs plus haut-de-gamme, ni donner à Dario Gjergja les moyens de rivaliser avec Vassilis Spanoulis. En revanche, il faudrait être naïf pour penser que Lionel PELUHET, entrepreneur reconnu, se lance dans une telle démarche pour la beauté du geste. L'objectif est forcément financier (ou alors on recrute Marine Tondelier, elle a déjà la veste de la bonne couleur pour le CSP !). En s'engageant dans une démarche RSE (Responsabilité Sociétale des Entreprises) le président du club vise probablement à attirer des partenaires par d'autres biais que le classique mécénat. En effet, à ce jour, le bassin économique direct du CSP est clairement identifié et saturé. Les financements publics sont en berne et l'avenir ne semble guère plus positif en la matière. La société à mission n'a donc probablement pas pour but d'aller capter de nouvelles subventions, en revanche d'autres pistes semblent plus réalistes.
Un nouveau filon ?
Les partenariats plus larges, à portée nationale, ne sont pas évidents à aller chercher compte tenu de la confidentialité du basket français. En revanche les budgets RSE des grosses entreprises sont relativement importants et investir dans une société à mission, qui plus est dans la PREMIERE société sportive à mission pourrait être un marqueur fort. Au lieu de planter des arbres en Amazonie pour se donner une bonne image, des entreprises françaises pourraient flécher cet argent vers un club historique lové dans un territoire rural qui s'engage en faveur de l'environnement et de son bassin de population. L'idée est à la fois séduisante et astucieuse : l'image est belle et "taper" dans des budgets jusque là inexplorés par le monde du sport relèvera soit du génie... soit d'une pile de bullshit incommensurable en cas d'échec.
A quoi s'attendre ?
A terme, on pourra donc juger de la pertinence de cette stratégie du mousquetaire si un actionnaire important rejoint le CSP conquis par la "mission" ou si cela se soldera par un grand... rien du tout ?! Objectivement il faut se donner deux à trois ans pour fair eun bilan de cette démarche. Le travail de Pierre Bonneau et de ses équipes commerciales aidé du carnet d'adresse de Thomas Jacquemier le néo-directeur exécutif passé par Canal+, le PSG et les Girondins de Bordeaux, se basera sur une feuille blanche tant l'approche semble novatrice. Encore une fois, il conviendra de trouver le bon ton et les bons interlocuteurs pour imposer une nouvelle façon de penser et pourquoi pas de financer le sport professionnel au sein d'une cité désindustrialisée mais dont l'attrait "nature" est indéniable.
2026 l'année du retour en Europe ?
Plus concrètement, et probablement de sa poche, Lionel PELUHET a annoncé un budget en hausse. Sans donner les chiffres complets, nous savons désormais que la masse salariale atteindra 1,9M€ soit une énorme progression par rapport à la MS 2024-25 de 1,4M€ (soit la 14ème/16 du championnat). Avec une telle augmentation, Limoges intègrera le TOP8 et sera en droit de nourrir des ambitions sportives bien plus en conformité avec les attentes du public limougeaud. Alors attention ! On ne va pas rivaliser d'emblée avec Monaco ou Paris et leurs budgets d'EuroLeague dopés aux pétrodollars russes ou aux fonds de pension américains... mais plus raisonnablement devenir les nouveaux Bourg, St Quentin ou Cholet (que ça fait mal d'écrire ça !). Limoges doit réapprendre le haut niveau : après les errements financiers de ces dernières années, le club devra construire un effectif performant et ambitionner de participer à une compétition européenne modeste. Des liens existent avec la FIBA via la BCL mais il ne faudra pas mettre de côté la FIBA Europe Cup (C4) jusque là compétition mineure mais dont le plateau s'étoffe d'année en année et qui est largement à la portée d'un club de milieu de tableau du championnat de France (Nanterre l'a remportée en 2017 face à Chalon en 2017 et Cholet en a aussi été finaliste en 2023). Cette coupe autrefois peuplée de clubs anonymes issus de championnats confidentiels accueille aujourd'hui Bilbao (champion en titre), mais aussi des noms tels que PAOK, Saragosse, Tofas Bursa, Ludwisburg ou encore Sassari. Des clubs français comme les précités mais aussi Dijon ou Le Portel y ont développé leur compétitivité et certains y ont puisé une dynamique qui leur a permis de surprendre en Betclic Elite. L'EuroCup pourra aussi être une solution mais avant de philosopher il faudra réaliser une saison 2025-26 à la hauteur de la progression de la masse salariale.
Des ambitions mesurées
Nous savions en 2024-25 que la saison serait longue avec la 14ème MS, le CSP a d'ailleurs terminé à la 14ème place. L'an prochain, avec un budget dans le TOP8, Limoges ambitionne clairement de retrouver la post saison. Les playoffs seront automatiques dans les 6 premières places et un Play-in sera nécessaire pour les deux derniers spots entre les équipes de 7 à 10. Méfiance toutefois, si un 14ème budget garantit pratiquement une place en fond de classement, un 8ème budget est loin d'être synonyme de playoffs, c'est même sans doute un des rangs les plus risqués car exposé aux surperformances de quelques petits-poucets ou au ratage de son propre collectif.
... et des rêves !
Enfin, à l'instar de Martin Luther King, Lionel PELUHET semble avoir fait un rêve : ajouter un 12ème titre au palmarès national du limoges CSP. Reprenant la maxime qui nous colle à la peau depuis 1993, "à jamais les premiers", il a annoncé qu'aucun club n'avait été champion de France l'année de son centenaire. Le CSP a été fondé en 1929... le proprio ambitionne donc de rejouer les premiers rôles dans les 5 ans. Certains parleront de folie, il en fallait pour reprendre ce club qui l'est complètement et dont le public l'est tous les samedis ! Alors un peu plus, un peu moins ?!...
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# 38 - and 1
05/07 - 14h32
On va gagner 800 places, ou plutôt récupérer celles qu'on avait perdu avec l'arrivée du hand....